Un peu d'histoire... Le sociologue Emile Durkheim et le suicide Le suicide au début du 3éme millénaire Dédramatiserla mort
 
 

Un peu d'histoire...

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Aristote s'est noyé,Démosthène s'est empoisonné. Plus récemment, Bruno Bettelheim s'est donné la mort en s'asphyxiant à l'aide d'un sac plastique.
Le suicide a suscité de nombreuses réactions à travers le temps et les différentes cultures. Plusieurs civilisations ont, au cours de leur histoire, admis puis intégré le suicide dans leurs lois comme acte légitime.
Au Japon, le film "la balade de Narayama" raconte la coutume d'abandonner les vieux dans la montagne. Il y a peu de temps, une publicité télévisuelle rappelait cette coutume, mais le vieillard a découvert  je ne sais quel plaisir gustatif qui l'a finalement dissuadé d'attendre la mort.
Chez les Wisigoths, le vieillard se jetait de "la roche des aïeux".
 Les Gaulois, les Huns, les peuplades Esquimaudes encourageaient le suicide des personnes âgées, la mort naturelle d'un vieillard étant considérée comme une honte.
A partir du 5éme siècle, la civilisation chrétienne déclare péché capital le suicide. Le suicide devient un crime, le suicidé ne pouvait recevoir de sépulture et ses biens étaient confisqués, jusqu'à ce que la révolution de 1789 raye le suicide de la liste des crimes.
Voltaire, Montesquieu, Rousseau ont fait du suicide un gage de liberté individuel...
Régulièrement, cette question du suicide, mais également celle de l'euthanasie, active ou passive, alimentent les grands débats de société.
 
Paul Forcet, Praticien Hospitalier Psychiatre
 

Le suicide vu par Emile Durkheim :

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En 1897, le sociologue E. Durkheim publiait Le suicide où il distinguait trois types de suicide :

-"l'égoïste" correspondant à une personne n'ayant plus aucune attache à la société.

-"l'anomique" du grec anoma : désordre, dû à l'effondrement des repères et qui augmente proportionnellement au dérèglement et au relâchement des normes sociales. Dès lors l'augmentation du nombre de suicides dans certaines périodes refléterait un état de crise de la société dans son incapacité à proposer des valeurs et des normes suffisamment intégratives pour l'individu.

-"l'altruiste" où l'intégration de la personne aux valeurs collectives est forte au point de provoquer le sacrifice de la personne aux normes du groupe (ex : les Kamikazes).

Pour Durkheim, la famille apparaît toujours comme une valeur refuge : elle relie fortement les individus qui la composent, elle les intègre et du même coup les protège.

 Eric Le Grand, Sociologue

Depuis 1897 la famille a "éclaté" et :"nombre de jeunes sujets en détresse éprouvent des sentiments de "non-existence"s'enracinant dans la profondeur de leur histoire personnelle et familiale. Ceux-là sont en quête d'une place et d'une identité que les traumatismes infantiles ou l'état des relations intra-familiales ont dangereusement malmenées, voire gommées". Xavier Pommereau, Psychiatre


Pour les psychiatres, la signification du suicide "altruiste"est différente de celle citée par Emile Durkheim. Par exemple, un père peut tuer sa famille pour la sauver et l'extraire de ce monde, qu'il considère comme un enfer, et ce pour un au-delà meilleur.
Paul Forcet, Praticien Hospitalier Psychiatre

 

Le suicide au début du 3éme millénaire :

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A l’instar de l’homicide auquel il est apparenté jusque dans son étymologie, le suicide - ce meurtre de soi-même - est un acte de transgression absolue qui est situé, avec l’inceste et le cannibalisme, au degré ultime des interdits fondamentaux. En dehors d’exceptions précises qui confirment la règle, toutes ces horreurs sont universellement prohibées dans les actes, parce qu’elles sont susceptibles d’apparaître à l’état de désirs secrets au plus profond de l’âme humaine. Pour le suicide tout un chacun peut être consciemment contraint à en réprimer l’envie, lorsqu’il est confronté à des circonstances terriblement éprouvantes. L’ambiguïté du couple “répulsion-tentation” contribue à faire de l’acte suicidaire un drame qui résiste à l’interprétation, noyant la douleur des témoins impuissants dans la honte, la culpabilité et l’incompréhension. La culpabilité qui les ronge fait du suicide le plus cruel deuil qui soit. Pourtant le désespéré exprime une volonté effroyablement mortifère qui renferme à son insu une formidable envie de vivre. La raison apparente de l’acte suicidaire témoigne d’un sentiment jugé indépassable d’abandon, de perte ou d’effondrement identitaire.

Xavier Pommereau, Psychiatre

 


 

 

Dédramatiser la mort :

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L'esprit humain est incapable de se représenter sa propre mort, l'homme ne concédant au réel la mortalité de son corps, qu'en contrepartie de l'immortalité de son âme.
Le suicidant n'échappe pas à sa condition d'humain et sa volonté "d'en finir" reste encore une projection vivante dans laquelle il pense se défaire de cette souffrance ou de cette vie-là... dans l'espoir d'une "vie meilleure". Il cherche d'abord à ne plus penser afin de ne plus souffrir, faute de ne pouvoir affronter les conflits pour tenter de les résoudre. Ceci reflète moins une volonté de "disparaître" qu'un désir de "faire disparaître" les problèmes. Certains suicidants entretiennent même l'espoir conscient et l'illusion d'un règlement magique des conflits : s'ils sortent de leur coma toxique, alors peut-être bénéficieront-ils de remaniements affectifs plus favorables. Et pour ceux envisageant de faire à jamais cesser leurs tourments, l'objectif inconscient est de se débarrasser de cette enveloppe charnelle-là pour imprimer leurs marques indélébiles dans la mémoire de ceux qui restent, manière "d'exister" davantage mort que vivant.
Xavier Pommereau, Psychiatre

L'acte suicidaire exprime ainsi la tragique revendication de son auteur de trouver une place et un identité supportables, fut-ce à titre posthume. PRID

Les jeunes ont une demande importante sur la question du sens de la vie et cela intègre de manière évidente pour eux une réflexion sur la mort. (...) La mort, les secrets de famille, le divorce, la maladie mentale dans la vieillesse... sont des réalités que bon nombre de jeunes vivent, vis-à-vis desquelles ils éprouvent une foule d'émotions variées qui restent souvent enfouies au fond d'eux-mêmes, sans pouvoir souvent en parler en famille ou à l'école, alors que des dialogues autour de tout cela leur est nécessaire. Geneviéve Arfeux-Vaucher, Professeur
 

Aristote ( 384-322 av. J-C ) : philosophe grec, disciple de Platon, précepteur d'Alexandre le Grand, puis fondateur du Lycée ou école péripatéticienne. Ses écrits couvrent tout le savoir de son époque. Les méthodes d'observation et de classification rigoureuses qu'il établit exercèrent une influence décisive sur la culture de l'occident.

Dictionnaire – Langue . Encyclopédie . Noms propres – Hachette 1980, mise à jour Hachette 1990

Démosthène( 384-322 av. J-C ) : orateur et politicien grec, chef du parti antimacédonien. Contraint de s'exiler il revint à Athènes et souleva les Grecs à la mort d'Alexandre le Grand. Mais afin d'échapper à Antipater ( ou : Antipatros ), général macédonien, victorieux, il s'empoisonna.

Dictionnaire usuel - Quillet   Flammarion - Paris - 1974


Bruno Bettelheim ( 1903-1990 ) : psychanalyste américain d'origine autrichienne qui s'intéressa très tôt aux psychoses infantiles, notamment à l'autisme. A Dachau, puis à Buchenwald où il fut déporté en 1938, il étudia les réactions (déshumanisation) de certains individus face à des situations extrêmes et établit un parallèle avec celles qui, selon lui, sont à l'origine de l'autisme. Émigré aux États-Unis, il fit un centre de thérapeutique pour les enfants psychotiques, de formation d'éducateurs et de recherche.

Le Petit Robert 2 - Dictionnaire universel des noms propres - 1990


Voltaire ( 1694-1778 ) : poète, écrivain et philosophe français. La hardiesse de ses idées, son opposition au pouvoir établi l'amenèrent à vivre souvent hors de France. Il poursuivit l'intolérance, se faisant le défenseur des opprimés. Son influence littéraire et sociale fut immense, aussi bien par l'énergie qu'il mit à défendre contre l'intolérance religieuse les causes qui lui semblaient justes que par le caractère essentiel de ses oeuvres : nul en même temps, ne fut plus humain par les idées philosophiques : respect de la conscience et de la liberté individuelles, croyance inébranlable au progrès et confiance dans l'efficacité de l'action.

Dictionnaire usuel - Quillet   Flammarion - Paris - 1974 / Nouveau petit Larousse illustré - Dictionnaire encyclopédique - 1954


Montesquieu ( 1689-1755) : magistrat et écrivain français. Penseur libéral dont les idées sur les libertés et leurs garanties institutionnelles, notamment la séparation des pouvoirs, sont dictées par un profond respect de la personne humaine et le goût des réformes équitables. Ces idées exercèrent une influence profonde, en particulier sur les législateurs des assemblées révolutionnaires. 

Le Petit Robert 2 - Dictionnaire universel des noms propres - 1990


Rousseau ( 1712-1778 ) : écrivain, musicien et philosophe originaire de Genève. Il a renouvelé les idées en politique, dans le domaine de l'éducation et préparé les grands changements de la Révolution. Il a crée des thèmes nouveaux en littérature et son influence philosophique continue de se faire sentir. Il croit que l'homme est naturellement bon, que la société a corrompu cette bonté, et que pour échapper à cette corruption il faut autant que possible s'éloigner du monde. Rousseau fut l'inspirateur direct de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen.

Nouveau petit Larousse illustré - Dictionnaire encyclopédique - 1954 / Larousse - Encyclopédie universelle - Larousse - Bordas - 1998

 

Toutes les informations contenues dans ce site sont issues des brochures : d'Action Jeunes Conseil Santé, du Ministère de l'Education Nationale avec le film : Sortie de secours de Marie Desmeuzes, de DepRelief (laboratoires Lundbeck), du Programme de Recherche et d'Information sur la Dépression PRID( laboratoires SmithKline Beecham) et du magazine : La santé de l'homme

Partenaires : le Conseil Général de la Charente, la Mutualité de la Charente et la DRASS

Mise à jour : IPSEC
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